Bosnie : trois vétérans se souviennent

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Par Édouard Dufour, Journal Adsum
Suite au morcellement de la Yougoslavie, il y a 25 ans, le Canada a déployé sous la bannière de l’Organisation des Nations unies (ONU) des milliers de militaires en Bosnie. Cette région du globe était alors déchirée par les combats faisant rage entre des groupes de belligérants, et la population civile était victime de violentes exactions. Trois vétérans ayant tous servi leur pays dans le cadre de ce conflit marquant racontent leur expérience.
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Le sergent à la retraite Pierre Lalonde, vétéran du Royal 22e Régiment (R22eR), a d’abord servi en 1992 avec les premiers Canadiens envoyés en Bosnie. Il y est retourné en 2002 pour un deuxième déploiement. Commandant de section lors de sa première mission en Bosnie, il a contribué à la défense de l’aéroport de Sarajevo, un enjeu stratégique d’importance cruciale pour les forces de l’ONU.
Au cours de ce premier déploiement, le Sgt Lalonde a effectué plusieurs patrouilles dans les villages de Bosnie. « Ça brassait encore quand on est arrivé, » explique-t-il au sujet des combats entre les différentes factions s’opposant.
« On me donnait parfois l’ordre d’aller à certains endroits. Si ces directives n’avaient pas changé à la dernière minute, je ne serais probablement pas revenu. Le soir, lorsqu’on était dans nos tranchées, on voyait les bombes tomber sur nos camions en arrière, » confie le Sgt (ret) Lalonde.
C’est en mars 1993 que l’adjudant-chef Camil Samson, aujourd’hui retraité, et ses collègues de la compagnie A du 2 R22eR, ont pris la direction de Visoko, en Bosnie. « Notre convoi a traversé des villages en feu. C’était l’anarchie totale, » explique-t-il. Dès son arrivée à Visoko, des ordres de déploiement ont été donnés au major (ret) Pierre Lessard, le commandant de la compagnie dans laquelle évoluait l’Adjuc (ret) Samson.
Le lendemain, à l’aube, la compagnie A s’est dirigée vers Srebrenica, une ville enclavée entre deux chaînes de montagnes comptant alors près de 40 000 civils musulmans. Les postes de défense de l’ONU de Srebrenica étaient installés en montagne, en différents points stratégiques, tandis que la cellule de commandement avait été aménagée dans une usine désaffectée située au cœur de la ville.
Les bombes et les tirs de mortiers tombaient régulièrement à proximité des troupes de l’ONU se trouvant à Srebrenica. « Après un mois et demi, on a demandé au padré de rencontrer les gars. Il a confectionné un hôtel de fortune avec une table et une nappe blanche. Les soldats se sont ensuite assis sur des bancs de messe improvisés. Alors que le padré commençait sa messe, les obus ont commencé à tomber à proximité. Il s’est jeté au sol, tandis que les gars n’ont pas bronché. On lui a expliqué que ces tirs faisaient maintenant partie de notre quotidien, » raconte Camil Samson.
Les vétérans Pierre Lalonde, Camil Samson et André Archambeault font tous partie de l’Association du Royal 22e Régiment. Chaque année, ils s’y retrouvent dans le cadre des activités de tout genre. Ils vont aussi les mercredis matins « prendre un café, jaser et refaire le monde! »
Les trois vétérans confirment que ces rencontres sont aussi une occasion de prendre des nouvelles de la santé des uns et des autres. « Même à la retraite, si quelqu’un a besoin de quelque chose, on va l’aider. On est tissé serré! » conclut avec le sourire Camil Samson.
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